Ancien Testament et bible hébraïque


Traitons-nous du même objet lorsque l'on parle de l'Ancien Testament et de la bible hébraïque ?

Souvent l'on répondre oui, mais à regarder de près cela n'est cependant pas tout à fait exacte.

Pour commencer, précisons une chose ; quand l'on emploie l'expression « Ancien Testament », on reprend un terme chrétien. L'origine de la formulation trouve probablement son fondement dans une lettre que l'apôtre Paul rédige vers 55 de notre ère à Corinthe. Il s'agit de sa seconde épître aux Corinthiens au chapitre 3, où l'apôtre écrit ; « nous [les chrétiens] ne faisons pas comme Moïse, qui mettait un voile sur son visage, pour que les fils d'Israël ne fixassent pas les regards sur la fin de ce qui était passager. Mais ils sont [les Juifs] devenus durs d'entendement. Car jusqu'à ce jour le même voile demeure quand, ils font la lecture de l'Ancien Testament [la Torah] ». C'est la première fois que l'on rencontre l'expression « Ancien Testament ». Évidemment ici, il ne peut procéder de l'ensemble de la bible hébraïque. Pour la bonne et simple raison qu'à l'époque où Paul rédige ses lettres, l'Ancien Testament tel que nous le connaissons n'existait pas, et cela on doit le préciser. Il ne peut s'agir que de la Torah, c'est-à-dire du Pentateuque. C'est donc certainement à partir de ce passage de Paul que l'on va établir une opposition entre anciennes et nouvelles alliances ; et que l'on va donner dans le christianisme ce nom « d'Ancien Testament » à la bible hébraïque. Mais Paul peut ici s'inspirer d'un texte prophétique dans le livre de Jérémie. En effet, le prophète au chapitre 31 présente dans son oracle l'annonce d'une nouvelle alliance : « Voici, les jours viennent, dit Yahvé,où je ferai avec la maison d'Israël et la maison de Judaune alliance nouvelle ». Dans le contexte de cet oracle, la nouvelle alliance concerne les Judéens revenus de l'exil babylonien, donc de la restauration et la reconstruction du temple de Jérusalem. Mais pour les chrétiens, la nouvelle alliance de la prophétie de Jérémie se trouvait pleinement accomplie dans l'avènement et la mort de Jésus de Nazareth. Il faut savoir que Paul écrivait en grec et Jérémie en hébreu. Donc le terme employé ici en Hébreux figure : בְּרִית "Beriyth" et en grec διαθήκη "Diatheke" que nous traduisons par alliance en français ! Alors pourquoi retrouve-t-on dans les traductions latines testamentum, testament ? Au second siècle de notre ère, l'Église chrétienne (mais cela est son point de vu) va considérer qu'elle seule apparaît comme l'héritière de l'alliance que Yahvé a réalisée avec le peuple d'Israël. Pour l'Église chrétienne « le peuple juif », les juifs en général, ont failli à leur mission. Donc, l'Église reçoit les promesses données au judaïsme, et elle devient dès lors le véritable Israël de l'alliance. Une succession écrit dans un texte « d'alliance » cela rappelle un testament ainsi le terme se transforme dans le christianisme en testament.

Dans le christianisme transparaît l'idée que l'on trouve deux parties dans la Bible, l'Ancien Testament et le Nouveau Testament.

Mais chose curieuse dans le christianisme, comme il en paraît souvent d'usage, le Nouveau Testament ne va pas abolir l'ancien. Le christianisme va garder la bible hébraïque dans son corpus littéraire.

Cependant, l'expression « Ancien Testament, » utilisée dans la tradition chrétienne est apparue péjorative pour des juifs. Ces derniers perçoivent, cela comme une volonté de s'approprier arbitrairement les écrits de la religion juive. D'autre part, selon la foi juive, il ne saurait exister de « Nouveau Testament » hors des textes massorétiques. Tout ceci semble fort relatif, puisque le christianisme est issu du judaïsme et que les proto-chrétiens étaient eux-mêmes tous Juifs. Dans ces conditions, l'expression « Premier Testament » apparaît plus respectueuse envers la tradition juive.

Comment le judaïsme parle-t-il de sa bible ?

Dans le judaïsme, plusieurs noms s'emploient pour traiter de la Bible. On retrouve d'abord le terme מִקְרָא miqra cette formule veut lancer : la lecture, proclamation ; c'est exactement la même chose que Coran. Miqra et Coran on une racine équivalente. Parfois, on dit aussi simplement תּוֹרָה Torah par extension parce que la Torah précisément c'est le Pentateuque. Mais on l'utilise pour l'ensemble du Pentateuque ou Ancien Testament. Cependant, l'expression la plus fréquente reste un terme relativement plus récent, et c'est un mot artificiel, un acronyme : Tanakh (en hébreu תנ״ך). Ce terme n'apparaît pas en vérité comme un vrai nom, mais il se trouve représenter une abréviation des trois parties de la Bible hébraïque. Il est composé de la lettre hébraïque ת tav, première lettre du terme תּוֹרָה Torah. Que l'on traduit souvent par « la loi » ce qui demeure en réalité une très mauvaise traduction puisque la racine du mot veut dire « l'instruction » ! Ce n'est pas du tout la loi, et ce mot devient dans le grec Pentateuque, Penta provient de πέντε/pente « cinq », et -teuque de τεῦχος/teukhos, « étui ». Il s'agit de la custode cylindrique qui renferme les livres en forme de rouleaux, et teukhos par métonymie, a fini par désigner, le contenu de l'étui. Vient ensuite la lettre nun ou noun נ pour Nebi'im נביאים (les prophètes), et la lettre Kaph, Kaf, ou Khaf ך : les Ketouvim כתובים (les Autres Écrits ou Hagiographes).

Mais pour le lecteur juif, ces trois parties n'ont pas du tout la même importance. Dans le christianisme, chaque livre de la Bible détient le même degré d'importance, ce n'est pas le cas dans le judaïsme. Pour le judaïsme le centre ou le cœur de leurs écritures, c'est la Torah, c'est donc le Pentateuque qui est parfois aussi appelé חומש (houmash) c'est-à-dire cinq à cause du Pentateuque justement. C'est cet ensemble-là qui est lu du début jusqu'à la fin dans les synagogues en un an, ou en trois ans cela dépend des coutumes. Alors que les Nebi'imet les Ketouvim ne sont pas lus entièrement. Souvent, tel ou tel passage des prophètes peut venir éclairer un passage de la Torah. Quant aux rouleaux dans lesKetouvim certains seront lus à l'occasion de certains textes. Mais le centre de la lecture reste véritablement la Torah. D'où aussi cette abréviation de Tanakh parce qu'il n'a pas vraiment le même sens que la Bible dans le christianisme.

Combien de livres compose ce corpus littéraire hébraïque ?

La Bible hébraïque possède exactement le même contenu que l'Ancien Testament protestant. Mais les livres sont présentés et classés différemment dans chaque confession. Les protestants comprennent trente-neuf livres, alors que les juifs en compte vingt-quatre. Ceci est dû au fait que les chrétiens protestants en général, ont choisi de subdiviser certains livres de la religion juive. La Bible apparaît donc comme une bibliothèque. Sans aucun doute puisque le mot bible vient du grec τὰ βιϐλία (ta biblia) qui figure un pluriel et qui veut dire « les écrits ». Ces documents ont vu le jour bien entendu dans des contextes très distincts, de milieux de production, ainsi que de différentes périodes de compositions. Aucun texte biblique ne possède un seul auteur, et tous furent révisés, réécrits, changer, modifier. Évidemment, cela rend la tâche très difficile quand on entreprend de vouloir dater tel ou tel écrit. Avant de nous lancer dans cet exercice, rappelons ce que nous avons dans cette bibliothèque.

Que trouvons-nous comme livres ?

Commençons avec la Torah, c'est-à-dire le Pentateuque, qui demeure le nom donné dans la transcription grecque. Elle regroupe un nombre de cinq livres. On rencontre une expression hébraïque hamiša humšé Hat-torah : les cinq cinquièmes de la Torah. Ces cinq livres ou rouleaux, portent les titres de Genèse, Exode, Lévitique, Nombre, Deutéronome, c'est appellations nous viennent des traducteurs grecs via le latin. Le judaïsme va les désigner différemment ; pour cela, il va employer une manière très traditionnelle dans le proche Orient Ancien. Il va prendre simplement le premier mot ou un des premiers mots du livre à titrer. On retrouve d'ailleurs le même principe dans le livre de l'épopée de création mésopotamienne : Enuma Elish qui veut dire « lorsqu'en haut les cieux n'étaient pas encore séparés ».

Le personnage principal du Pentateuque est Moïse מֹשֶׁה Moshé en hébreu, et l'on peut dire que le Pentateuque apparaît comme une sorte de biographie de Moïse. Pourquoi ? Parce que dans le livre de l'Exode dès le début on va raconter sa naissance et dans le dernier livre le Deutéronome, au chapitre 34 donc l'ultime chapitre on va relater sa mort. En fait, on peut dire que des livres : Exode jusqu'à Deutéronome, on découvre une sorte de biographie de Moïse. Si le livre de la Genèse ne parle pas de Moïse, il se trouve en quelque sorte comme un prologue à sa biographie. Dans le judaïsme, la figure de Moïse tient une place prédominante, ainsi que l'idée que c'est lui qui a écrit le Pentateuque, ce qui cependant n'est jamais dit dans celui-ci.

Si l'on se penche sur les cinq livres, on peut en effet affirmer que la Genèse réside en une sorte de prologue sur les origines, « genèse ». En hébreu בראשית béréshit traduit le plus souvent par « au commencement de », mais littéralement on devrait traduire « en un commencement ». En effet, ce n'est pas un commencement absolu, c'est au moins un commencement. C'est comme cela que les massorètes ont vocalisé le texte. D'autre tel André Chouraqui traduise בראשית béréshit par « En tête ». Pourquoi : Parce que le noyau du mot בראשית Beréshit est le mot rosh ראש qui signifie « tête ». C'est un nom approprié, car nous commençons littéralement la Torah « à la tête » de l'histoire. Ainsi ce n'est pas au commencement, mais un commencement possible. Donc Genèse c'est la création du monde, de l'humanité, le déluge, l'histoire d'Abraham, etc..

La bible hébraïque commence ainsi : (de droite à gauche)

בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ.

aarets véet achamayim, et Élohim, bara Béréchit ,

Un commencement ou : En tête Élohim[Dieu] créa le Ciel et la Terre.

Dans la Genèse, on nous raconte les origines du monde et de l'humanité, la condition humaine, la violence, la variété des langues, etc.. La Bible ne commence pas tout de suite sur l'histoire d'Israël, mais s'ouvre en fait sur des réflexions que tous les peuples voisins effectuent aussi. D'où vient l'homme, comment les dieux se comportent-ils devant les hommes, la difficulté de vivre dans ce monde, la diversité des langues, la violence ; tout cela c'est des thèmes que l'on retrouve partout dans les récits du Proche Orient ancien. Mais de même d'une autre manière dans l'ensemble du bassin méditerranéen et ainsi dans la mythologie grecque tout particulièrement.

Donc le premier livre de la Torah nous raconte non seulement la genèse de l'humanité, mais également les origines d'une bonne partie des peuples. Parce qu'avec les patriarches nous possédons effectivement la mise en place de figures d'ancêtres comme Abraham, Isaac, Jacob, et bien sûr des matriarches, Sarah, Rébecca, etc. Ce qui demeure intéressant c'est que les patriarches et les matriarches ne sont pas seulement les aïeul(e)s du peuple d'Israël, mais aussi de presque tous les peuples qui vivent en fait au Levant. En effet, Abraham est le père d'Ismaël qu'il a eu avec Agar. Il prit aussi une épouse dont on parle très peu et qui s'appelle Ketura. La Genèse dit « qu'elle lui enfanta Zimran, Jokschan, Medan, Madian, Jischbak et Schuach ». Ces fils d'Abraham vont engendrer toute une série de populations qui occupent toutes les régions tout le long de la route de l'encens. Isaac fils d'Abraham et de Sarah sera le père de Jacob et d'Ésaü ce dernier serait l'ancêtre des Édomites qui habiteront le sud. Abraham est par ailleurs encore l'oncle de Lot qui sera le père des Moabites et des Ammonites. Donc ce n'est pas seulement l'histoire d'Israël, mais c'est celle de presque tous les peuples qui vivent dans le pays de Canaan, à part les Philistins. Ces derniers ont en effet une origine différente que la Bible va appeler les incirconcis. La Genèse se termine avec le récit d'un des fils de Jacob, Joseph qui va parvenir en Égypte, faire carrière là-bas. Après un départ difficile, tout se passe très bien pour lui. Mais quand on arrive dans le livre de l'Exode, le contexte a totalement évolué. « Alors un nouveau roi, qui n'avait pas connu Joseph, se leva sur l'Égypte » (Ex ch1 v8) nous dit le texte. La situation a changé par apport même au style, parce que la Genèse se trouve parcourue de généalogies, à partir de l'Exode, celles-ci disparaissent. Cela va figurer l'histoire du peuple maintenant ce ne sera plus l'histoire des familles et des descendances. En hébreu l'Exode s'appelle שמות Shemôt qui signifie « les Noms » puisque cela commence ainsi : « voici les noms des fils de Jacob qui descendirent en Égypte ». Nous nous trouvons donc en présence d'un récapitulatif du chapitre 46 de la Genèse. L'Exode c'est l'histoire de la sortie d'Égypte, mais c'est aussi l'histoire de l'arrivée du peuple au Sinaï. En ce lieu, Dieu va se révéler au peuple et Moïse va devenir le médiateur entre le peuple et son Dieu Yahvé. Moïse va recevoir une révélation, l'idée d'une alliance qui annonce qu'Israël représente le peuple de Yahvé.

Aussitôt cette alliance conclue, nous possédons toute une série de chapitres qui mettent en place tout un discours divin que Dieu présente à Moïse. Le but réside dans la réalisation d'un sanctuaire. Donc Moïse va faire bâtir un sanctuaire portable. S'en suit dans les chapitres 35 à 40 l'histoire du veau d'or. Celle-ci est en fait une critique ou met en place l'idée du peuple qu'on peut représenter Yahvé sous forme d'un jeune taureau. Yahvé va casser la statue, mais il va renouveler quand même l'alliance pour permettre la construction du sanctuaire. Le livre de l'Exode se termine par la nuée qui représente la présence divine qui remplit le sanctuaire. Mais il manque encore pour établir un culte des prêtres. Cela va être le rôle du Lévitique qui va en effet relaté l'implantation des premiers prêtres les fils du frère de Moïse nommé Aaron.

Aujourd'hui, on énerverait les défenseurs des animaux, qui refuseraient la distinction des espèces, en pure/impure, qui s'offusqueraient du sang qui coule comme de la chair brûlée des sacrifices. On énerverait les féministes constatant que la femme enceinte est impure, et remarquant la différence de traitement entre les filles et les garçons, puisque l'impureté post natale dure sept jours pour un garçon et deux semaines pour une fille. On énerverait sans doute les tenants des droits de l'Homme pour qui la discrimination contre les handicapés apparaîtrait injuste : « nul des descendants d'Aaron, le prêtre, ne pourra s'approcher pour offrir les mets de Yahvé s'il a une infirmité ». Autrement dit, ce livre a toutes les raisons de n'avoir pas été beaucoup lu, et continuer à ne l'être que peu.

Avant que ne surgissent l'installation des premiers prêtres et l'apparition à la gloire de Yahvé à l'ensemble du peuple, le texte renseigne sur toutes sortes de différents sacrifices. Ceux-ci sont à offrir dans des circonstances différents des chapitres 8 à 10. Mais aussitôt au chapitre 10 on raconte que deux fils d'Aaron tandis qu'ils effectuent un sacrifice de leur propre initiative se trouvent frappés par la foudre divine. Yahvé les a fait mourir ! On se rend compte alors que Yahvé c'est un Dieu quand même pas facile. Cela montre aussi que pour les sacrifices des règles doivent être respectées sinon cela peut très mal se passer. On découvre ensuite d'autres règles comme la distinction entre le pur et l'impur, et finalement un premier aboutissement avec ce que l'on nomme le jour du pardon יום הכיפורים Yom Kippur. Tous les genres de possibilités sont offerts au peuple et aux prêtres pour se purifier chaque année et de se décharger des pêchés. On connaît l'histoire du bouc émissaire c'est là qu'elle se trouve, et puis une deuxième partie de cet ensemble du Lévitique que l'on appelle la Loi de sainteté. C'est une sorte de refrain donc apparemment ça c'est un tout autre discours c'est Dieu qui parle en disant « soyez saints comme moi je suis saint ». Ce que l'on n'a pas du tout dans la première partie, et cela s'adresse à l'ensemble du peuple contrairement à la première partie qui est transmise exclusivement aux prêtres.

Vient ensuite le livre des Nombres ; géographiquement au niveau de la construction narrative nous nous trouvons toujours au Sinaï. Donc on n'a pas bougé depuis le chapitre 19 du livre de l'Exode. Tout le livre du Lévitique prend place au Sinaï, et dans le livre des Nombres on va finalement raconter le départ de cet endroit. Alors, pourquoi le livre s'appelle-t-il les Nombres ? Justement parce que l'on retrouve dedans deux grands recensements du peuple. Ces deux recensements structurent le livre, soit deux générations. En hébreu le livre se nomme במדבר bemidbar ce qui veut dite : dans le désert.

Les chapitres 1 à 10 parlent des préparatifs d'Israël pour le départ du Sinaï. Les chapitres 11 à 14 décrivent la marche proprement dite, l'envoi des espions en Canaan et le rejet d'Israël d'entrée dans la terre promise. Les chapitres 15 à 19 notent différentes lois et divers événements historiques. Les chapitres 20 à 36 racontent l'histoire de la dernière année du peuple dans le désert.

Suite au refus conduit par la peur d'entrer en terre promise toute une génération va mourir dans le désert à cause de sa désobéissance ; et c'est finalement la deuxième génération qui va avancer vers la Terre promise dans le pays de Moab où se situe le dernier livre du Pentateuque le Deutéronome.

Pourquoi le titre Deutéronome ? En grec cela signifie la deuxième loi, que nous avons en effet à l'intérieur du livre, debarim דברים paroles en hébreu. Le livre apparaît construit comme un grand message d'adieu de Moïse. En effet, il contient les trois derniers discours de Moïse, prononcés dans les plaines de Moab juste avant son enlèvement. Le premier sermon (chapitres 1 à 4) sert d'introduction. Le deuxième (chapitres 5 à 26) se compose de deux parties : (1) chapitres 5 à 11 : les dix commandements et leur explication pratique ; (2) chapitres 12 à 26 : code de lois constituant le noyau du livre. Le troisième discours (chapitres 27 à 30) contient le renouvellement solennel de l'alliance entre Israël et Dieu. L'annonce des bénédictions qui suivent l'obéissance et celle des malédictions qui suivent la désobéissance au cas où l'on aurait la mauvaise idée de ne pas obéir, et cela va évidemment arriver plus tard. Les chapitres 31 à 34 décrivent la transmission de la loi de Dieu aux Lévites, et le livre se termine par l'installation de Josué et par la mort de Moïse.

Chose curieuse, Moïse meurt en dehors de la Terre promise. Il peut contempler le pays, mais il n'y entre pas. Dès lors, on peut dire, oui, mais l'entrée dans la terre promise figure racontée dans le livre suivant dans le livre de Josué. Seulement, pour le judaïsme il se rencontre une césure très claire à la fin du Pentateuque. En effet, il est dit alors : « plus jamais un prophète ne s'est levé comme Moïse lui que Yahvé avait connu face à face. » L'on retrouve bien des prophètes après Moïse, mais aucun ne peut égaler Moïse. Une sorte de césure avec Moïse se trouve faite. Plusieurs façons d'organiser le Pentateuque restent possibles. Toutefois, pour expliquer la division canonique en cinq livres, la structure doit tenir compte d'un certain nombre d'éléments placés au début ou à la fin de ces livres. Par la suite, on fait appel à la conception largement répandue dans le Proche-Orient ancien selon lequel le dieu créateur règne sur la création quand il peut se bâtir un temple au milieu de sa création. Dans le Pentateuque, ce sanctuaire est la tente de la rencontre ou Yahvé vient demeurer dans le dernier chapitre de l'Exode (Ex 40). C'est ensuite de la tente de la rencontre qu'il organise le camp d'Israël (Lévitique), puis le guide à travers le désert (Nombre) vers la terre promise. Le livre de la Genèse explique quel est le peuple que le Dieu créateur s'est choisi pour venir y résider ; et le livre du Deutéronome figure le premier commentaire de la loi que Dieu a promulguée pour le peuple dont il est le seul souverain depuis qu'il l'a fait sortir d'Égypte.



On peut voir également qu'au centre se trouve le livre du Lévitique. Vous possédez deux cadres qui se correspondent, la Genèse et le Deutéronome. Ils se correspondent surtout par rapport à l'importance qu'ils donnent à la promesse du pays. Mais aussi par la mise en parallèle de Jacob et de Moïse. À la fin de la Genèse, Jacob va en effet prononcer des oracles et des bénédictions sur ses 12 fils. Moïse va effectuer exactement la même chose juste avant sa mort et dans les deux cas on va en effet mettre en parallèle l'ancêtre et le médiateur, Jacob et Moïse. L'Exode et les Nombres se correspondent également déjà par l'itinéraire, du Sinaï on s'arrête dans l'Exode, et l'on repart dans le livre des nombres. Un certain nombre des épisodes se trouvent racontés dans les deux livres. L'eau qui jaillit du rocher la manne les cailles, l'installation de la pâque, etc.. Les traditions parallèles dans les deux livres se correspondent, nous découvrons au centre le Lévitique, celui qu'on lit peut-être le moins.

Le Lévitique est en effet considéré comme le livre central et ce qui demeure le plus central à l'intérieur de tout cela c'est en effet le Yom Kippour le jour du grand pardon qui réalise le centre. Cette idée conduit en ce que par un certain rituel vous pouvez en fait chaque année recommencer si vous savez comment vous purifier le sanctuaire et la communauté.


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